Il sculpte les mots comme dâautres sculptent la pierre. Lord Myke Jam, slameur Ă la plume affĂ»tĂ©e et Ă la voix vibrante, vient tout juste de dĂ©voiler « Je plaide coupable », un titre puissant Ă la frontiĂšre entre confession intime et miroir social. Lâoccasion rĂȘvĂ©e de tendre le micro Ă cet artiste engagĂ© et sincĂšre, pour en savoir plus sur son univers et ses projets Ă venirâŠ
Bonjour Lord Myke Jam ! Peux-tu nous raconter comment tu as commencĂ© la musique ? Quel a Ă©tĂ© lâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur ?
LMJ : Franchement, tout a commencĂ© sans pression, darens lâambiance relĂąchĂ©e des fins de soirĂ©es. Ces moments oĂč la musique prend toute la place, oĂč tu oublies le regard des autres. Jâai commencĂ© Ă jammer avec des potes, une fois, deux fois⊠et puis un jour, je me suis dit : âEt si jâĂ©crivais sur de la musique ?â Peu importe le style, lâessentiel, câest de me faire plaisir et dâĂȘtre vrai. Câest comme ça que le truc a dĂ©marrĂ©, sans stratĂ©gie, juste avec lâenvie de crĂ©er.
Quâest-ce qui tâa inspirĂ© pour Ă©crire « Je plaide coupable » ?
LMJ : Jâavais besoin de faire un mĂ©a culpa, de reconnaĂźtre que moi aussi, jâai une part de responsabilitĂ© dans ce qui se passe autour de nous. On a tous des choses Ă se reprocher, mĂȘme Ă petite Ă©chelle. Et si les petites actions positives comptent, alors peut-ĂȘtre que les petites nĂ©gligences ont aussi un poids. « Je plaide coupable », câest ma façon de dire quâon nâest pas que victimes du systĂšme, on en est parfois aussi les complices silencieux.
Quand tu composes, tu commences par les mots ou la musique ?
LMJ : Je pars presque toujours du texte. Quand jâĂ©cris, câest que quelque chose doit sortir, lĂ , tout de suite. Ce sont des Ă©motions brutes, des sensations qui prennent forme en mots. Ensuite, je cherche la musique qui va incarner ça, le beatmaker qui saura traduire cette Ă©nergie. Jâaime quand la prod Ă©pouse le propos, quand tout devient cohĂ©rent.

Est-ce que tu te considÚres comme un artiste engagé ?
LMJ : Je lâespĂšre, oui. Mais pas dans le sens moralisateur. Mon engagement, il passe par lâamour, par les histoires que je raconte, dans lesquelles dâautres peuvent se retrouver. Jâessaie dâĂ©veiller une part dâempathie, de rallumer quelque chose chez lâautre. Si je peux provoquer une prise de conscience ou un simple questionnement, alors jâai rempli ma mission.
Un objet dont tu ne peux absolument pas te passer ?
LMJ : Mes clĂ©s de voiture ! Je suis souvent sur la route, je les cherche tout le temps. Câest un peu le symbole de ma vie en mouvement, de cette libertĂ© que jâessaie de garder.
Les trois derniers morceaux que tu as Ă©coutĂ©s aujourdâhui, et sans tricher !
LMJ : Le premier, câest « AdĂ©us », un titre que mon fils adore, et moi je suis un papa complĂštement fan de lui ! Ensuite, E.sy Kennenga â Comme si, une vraie source dâĂ©nergie quotidienne. Et un morceau breton magnifique, Ă©crit par le pĂšre dâune amie. Il sâappelle « Maiwen »⊠elle me lâa envoyĂ© ce matin, et il mâa touchĂ© en plein cĆur.
Un fait dâactualitĂ© rĂ©cent qui tâa particuliĂšrement marquĂ© ?
LMJ : HonnĂȘtement, il y en a trop. Ce qui me frappe, câest notre insensibilitĂ© croissante. On vit dans un monde secouĂ© de conflits, et pourtant, on zappe. On oublie que certains enfants ne connaissent que la guerre, que des gamins nâatteindront jamais lâĂąge adulte. Câest effrayant.
Une expression qui te définit bien ?
LMJ : « Ătre libre, ce nâest pas seulement se dĂ©barrasser de ses chaĂźnes ; câest vivre dâune façon qui respecte et renforce la libertĂ© des autres. » Câest ce que jâessaie dâincarner, dans ma vie comme dans ma musique.
Deux ans aprÚs la sortie de ton album « AllÎ la Terre ici la Lune », quel regard portes-tu sur ce projet ?
LMJ : Câest un album qui me ressemble beaucoup. Je regrette de ne pas lâavoir dĂ©fendu davantage sur scĂšne. Mais je lâĂ©coute encore avec plaisir. Certains textes sont toujours dâactualité⊠Et puis ce projet, câest aussi une conversation avec ma fille, une trace que je lui laisse.
Un nouveau projet en préparation ?
LMJ : Oui, il sâappellera « Rue des Roses ». Sortie prĂ©vue Ă lâautomne 2025. Toujours de la poĂ©sie, mais avec encore plus de clartĂ© dans ce que je veux dire. Je crois que jâai trouvĂ© le terme qui me dĂ©finit enfin : je fais de la pop humaniste.
Un dernier mot pour la fin ?
LMJ : Non, plusieurs ! (rires) Je ne veux pas dâune notoriĂ©tĂ© qui me coĂ»te une part de mon humanitĂ©. Seuls les aveugles perçoivent ce quâil y a dans mon cĆur. Ce quâon fait aujourdâhui dessine ce quâon vivra demain. Et tant que mes enfants me poseront des questions⊠je veux rester lĂ pour y rĂ©pondre.
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