DerriĂšre son nom Ă©nigmatique, Topaze Chantilly cache un rappeur Ă la plume fine et au flow maĂźtrisĂ©. Son dernier projet Figures DiscrĂštes, dĂ©voilĂ© le 20 juin 2025, dĂ©voile une galerie de portraits ciselĂ©s et poĂ©tiques. InfluencĂ© aussi bien par le hip-hop old school que par les rythmes afro-cubains, il explore avec subtilitĂ© les zones dâombre de lâĂąme humaine. Son titre « Don Juan », accompagnĂ© dâun clip cinĂ©matographique soignĂ©, vient illustrer Ă merveille cette ambition artistique. Ă cette occasion, lâartiste a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă nos questions, entre introspection, mĂ©thode de crĂ©ation et avenir artistique.
Bonjour Topaze, et merci de prendre le temps de rĂ©pondre Ă nos questions. Pour commencer, comment as-tu commencĂ© la musique ? Quel a Ă©tĂ© lâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur ?
T.C. : Enfant, j’ai commencĂ© par jouer de la guitare, sans doute influencĂ© par mon pĂšre, qui avait fait partie dâun groupe hispanique. Ă la maison, on Ă©coutait beaucoup de chanson française Ă texte. Jâai mis la guitare de cĂŽtĂ© Ă lâadolescence pour me plonger dans le rap français et Ă©crire mes premiers textes. Câest vers vingt ans, grĂące Ă ma compagne pianiste, que jâai replongĂ© dans la musique, notamment en intĂ©grant son groupe latino. Jây ai dĂ©couvert les percussions, les chĆurs, lâimpro⊠Et un peu avant 2020, jâai eu lâopportunitĂ© de rapper sur deux titres produits par DJ Format et DjarOne. Le succĂšs artistique de ce projet mâa donnĂ© lâĂ©lan pour continuer, cette fois avec mon fils, beatmaker. Câest cette aventure intergĂ©nĂ©rationnelle qui a nourri Figures DiscrĂštes.
Quâest-ce qui tâa inspirĂ© pour Ă©crire ton dernier single « Don Juan » ?
T.C. : Jâai toujours Ă©tĂ© sensible aux failles humaines. Jâai voulu faire de « Don Juan » un portrait psychologique nuancĂ© : pas le sĂ©ducteur flamboyant, mais un personnage plus triste, fragile, contradictoire. CĂŽtĂ© forme, jâai Ă©tĂ© influencĂ© par le retour du rap Ă texte incarnĂ© par lâEntourage, Orelsan, ou encore Seth Gueko dans « Titi Parisien Remix ». Un ami mâa mĂȘme parlĂ© de vibes Ă la La Rumeur. Je prends ça comme un compliment.
Quelle est ta façon de composer ? Tu commences par le texte ou la musique ?
T.C. : Je nâai pas de mĂ©thode fixe. Je suis trĂšs intuitif. JâĂ©cris des bribes partout â dans des carnets, sur mon tĂ©lĂ©phone â et je reconnecte les morceaux quand lâinspiration vient. Parfois, câest lâinstru qui me dicte le ton ; parfois, jâai une idĂ©e de texte avant mĂȘme dâavoir une musique. Câest trĂšs inĂ©gal : certains morceaux sortent dâune traite, dâautres me donnent du fil Ă retordre. Une fois que le texte est lĂ , jâessaie de le mĂ©moriser pour ĂȘtre fluide en studio. Sur Figures DiscrĂštes, les meilleures prises sont des one shots. Sauf pour « Ăole », oĂč jâai tentĂ© lâ« overlap » avec Le Zil, une technique venue du DMV flow.
Pourquoi avoir appelé ton EP « Figures DiscrÚtes » ?
T.C. : Parce que chaque morceau incarne un personnage, une figure. Je voulais jouer avec les doubles sens : « figure » au sens de personnage ou de forme, « discrÚtes » pour évoquer à la fois leur mystÚre et leur singularité. Chaque titre est un univers à part, mais ils composent un ensemble cohérent, comme un recueil de nouvelles en musique.
Si tu devais choisir un seul morceau de ton EP, ce serait lequel ? Et pourquoi ?
T.C. : Câest dur ! Je suis trĂšs fier des textes de « Don Juan » et « Tartuffe ». Mais jâadore aussi lâambiance old school de « Dante » ou « Cowboy ». Les morceaux comme « LĂ©on » ou « Ăole » me permettent dâexplorer des flows plus modernes. Et « TPZ », câest un ovni : je le dĂ©crirais comme du tribal kitsch. Alors⊠impossible de choisir un seul enfant !
Un objet dont tu ne peux pas te passer au quotidien ?
T.C. : Mon tĂ©lĂ©phone, malheureusement. Câest un vrai cas de conscience⊠dâailleurs jâen parle dans « Cowboy ».
Les 3 derniers morceaux que tu as Ă©coutĂ©s aujourdâhui ? Et sans tricher !
T.C. : Je sors dâune rĂ©pĂšte avec un groupe de musique latine donc pas de rap dans la playlist aujourdâhui ! Jâai Ă©coutĂ© :
â « Siete Pies Bajo La Tierra » â Ismael Rivera
â « Baila Con Los Hacheros » â Los Hacheros
â « Baile Inolvidable » â Bad Bunny
Une expression qui te définit bien ?
T.C. : « C’est bien agrĂ©able d’ĂȘtre important, mais c’est bien plus important d’ĂȘtre agrĂ©able. »
Un fait dâactualitĂ© qui tâa marquĂ© rĂ©cemment ?
T.C. : HonnĂȘtement, je me suis rendu compte que je passais plus de temps Ă chercher une info marquante quâĂ en trouver une. Ce flot continu de micro-actualitĂ©s, souvent approximatives ou manipulĂ©es, est un flĂ©au moderne. Câest dâailleurs un thĂšme que jâaborde dans le titre « LĂ©on ».
Quels sont tes objectifs pour 2025 ?
T.C. : Faire connaĂźtre Figures DiscrĂštes au public, organiser un concert de vernissage Ă Lausanne aprĂšs lâĂ©tĂ©. Et puis surtout, commencer Ă construire le prochain projet rap, avec une vraie vision dâensemble, musicale et visuelle.
Un dernier mot pour la fin ?
T.C. : Merci Ă vous pour cet espace donnĂ© aux artistes, surtout ceux encore peu connus. Câest grĂące Ă ce genre dâinitiative que nos projets peuvent exister au-delĂ des plateformes. Et puis⊠nâoublions pas : la musique adoucit les mĆurs.

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